Translated by: Jean-Pier Balpe
ton toucher est ici
ton parfum là bas
tes pieds s’annoncent dans le couloir
tes doigts fleurissent la poignée de la porte
sonnerie de ton absence
tremblements du cœur
respiration interrompue
éclat muet dans la pupille
Julio, Céline et Fairouz
plafond devenu ciel
fenêtre devenue voile
les poissons ont occupé le cœur de la pièce
étoiles dispersées au-dessus des chaises
pluie tombant sur nos os
les tonnerres ont éclairé nos baisers
le vent se lamente dans l’armoire
avec chemises et peignes
et le parfum de l’album
courbée comme un arc en ciel ton âme
retenue par les épingles du regret
ton âme flotte dans l’air
Avec la main brisée
main brisée
je porte la bannière
bouche meurtrie
je crie les slogans
pied amputé
je suis les foules
pièces trop pleines de nuit
et de pneus qui renversent l’aube
je me transporte à la clinique
songe délaissé sur le lavabo
murmure et délire de la mousse
je cultive la plante de la rupture
silence assourdissant
lune partagée en deux
liberté radieuse du sabot
je pousse devant moi la bête de mes jours
ma vie en noir et blanc,
s’en va de la photo
et fantôme s’assoie
dans l’attente du médecin
Accro
toi la main qui écrit
je suis accro du poème
accro d’un horizon
je dévore ses nuages
accro d’un ciel
je bois son bleu
accro des tonnerres
je monte leur selle
accro des portes qui s’ouvrent et se ferment
et des routes qui se prolongent comme des questions profondes
et des peurs qui fleurissent les jardins
je suis accro d’inattention
j’ai toujours le dos au mur
accro des slogans
le vent a lacéré mes drapeaux
à chaque pas
je suis la cible de tous les soupçons
mais l’eau dévoile tous mes secrets
je suis accro de secrets
et mes frères jettent mon cadavre dans le puits
Cette place
cette place est faite pour les statues
et pour les policiers
qui portent les boucliers
dans les chambres
la place est pauvre comme un squelette
ils ont balayé les pierres des applaudissements
plus rien ne permet de la reconnaître
si ce n’est quelques chats squelettiques
mourrant dans les poubelles
et des têtes bandées par le vagabondage
effaçant le slogan des murs
cette place a souvent changé
de lieu
vide des révolutions
vide des pleurs de minuit :
cette place est veuve de l’hymne
Damas 2005