Extraits du recueil Une seule porte et des demeures, traduit de l’arabe et préfacé par Mohamed Miloud Gharrafi. L’aile éditions, France, 2013.
Mon signe
Je ne suis venu que pour
sauver la terre d’une soif
écouter la voix des anges
obliger la mort à s’enfuir
être pour une femme qui veille sur le plaisir
posséder ma perte répétée
m’entretenir avec un oiseau qui a fui ma mère
me réapproprier ma mémoire que les eaux
ont dérobée
et ressusciter les morts.
Interprétation de mon rêve
Ce dont je rêve
est encore inconnu.
Je suis le parleur qui ne sait pas
et le silencieux qui sait.
Une nouvelle émanant de moi
J’ai donné mon sang à celui
que j’aime
et il m’a assassiné.
Il s'en est allé
Mon poème est resté.
Image de mon cœur
J’aime être seul
J’aime l’heure du silence
quand elle approche.
J’aime être une rose éternelle
dans l’âme de celle que je vénère
pour toujours.
Je me vois en rêve pressant du raisin
Je viole l’obscurité
pour en extraire la lumière.
Elle sait tout ce qui se dit
Ce n’est pas une femme
qui m’a opprimé.
Ce qui m’a opprimé
est l’ombre d’un désert
que j’ai labouré
et n’y ai pas trouvé d’eau
qui m’aurait submergé.
Images célestes
Dans mon enfance
j’ai été élevé par des vers à soie.
A quarante ans
-malgré la prophétie-
je ne suis pas sorti du cocon.
La porte de l’illusion
Toute femme
qui a donné son cœur à un poète
attend de voir son image
dans le poème.
C’est pour cela que la terre souffre.