Traduit de l’arabe par Assia Soukhairi
Bab Al Hamra
Un sépulcre plumeux
Sépare deux valeurs
La porte et la rougeur
Une lèvre débarque pour le vent
Des voix spectrales
Et un écho
N’étant qu’Histoire
Al Lamtiyin
Un chemin sinueux et plein de boue
A restauré la couche
De son embouchure
Avec l’instant de lys
Habitant les verdures des ténèbres
Al Aattarine
Histoire vendue à l’Histoire
Cavités constellées de couleur de l’eau
Passant entre l’embrassade et le feu
Illuminations qui ne se ressemblent guère
Et une lumière ayant de brillance
Autant que d’affaiblissement
Annajjarine
Etroites sont les portes du passant qui s’arrête
Vaste est le coeur du passager
Seul l’eau peut s’entre - choquer
Dans l’étendue de la Tablette
Sur des voiles qui refusent l’égarement
Pour scruter le visage du sarcophage safrané
En face de l’ancienne librairie «AL HALAOUI»
Une autre vie pour une vie autre
Ibn Idriss Le vésir
D’où provient la poésie?
Et combien la stupéfaction a d’entrées ?
La majesté de Fes peut rayonner
Sur les bords de la Seine
Et la même vision est la seule
A constituer la racine du poète
La noria du temps
Soixante treize orifices aqueux
Ejectent de l’eau
De vingt-huit fentes
Débutant par le (Ô) H
Et se terminant par un (و ) W sans voyelle
Sidi Boujida
Il se peut que le lieu ait la même féminité
Ce qui diffère est la grandeur du vide
Que la gerçure laisse sur l’âme
Une relation avec le corps
Lumineuse et fougueuse
C’est une prodigieuse saison
En enfer
L’aile de l’eau
Il ne guette pas son intérieur
Las de propagation
Ainsi, il ne s’épie le dedans
Que pour attoucher aux secrets du Monde invisible
( ي ) I grec
Un étranger entre en ville
Revenant, le vent s’affranchit d’entre ses doigts
L’ombre du roseau se délivre du haut de sa tête
L’ardeur de l’amour afflue
De la pupille de sa prévoyance
Sa joue s’entrelace avec la peine commune
Qui se répand sur la place
Alors il fuit tout pour quelques particules
Répétitions
Une lettre descend
Et un soir s’assoupit
Attendant d’être foulé par le visiteur
Dans le profond soupir de l’embrasement
Le voyage des hirondelles
Illimitées
Elles n’ont de couleur qu’en apparence
Maitresses des pierres
Maîtresses des ouvertures
Juste au dernier crépuscule
Elles s’éclipsent d’un coup
Pour que s’arrête la symphonie
Et pour que la nuit déclare
Son habillage verdoyant
L’envolée du chaikh
La lettre te capture
La vision te brûle
Le voyage circulaire ne te fatigue point
Et aucun chemin ne te dissuade
De souffler
Dans le point du (ن ) N du minaret
Tu touches à un rayon
Entre la Mecque et une trance poétique
Tu touches l’imagination avec l’imaginaire
De ton nom le vent est entré
Et s’est installé dans une demeure
Que tu n’as pas choisie
C’est pourquoi nous dirons
IBN ARABI
Et cela suffit
Sidi Al Aawad
Long
Un peu sinueux
L’odeur du sparte plein son fond
Des sons de machines modernes et étranges
Brisent son silence
Une presque table courte
Et un vendeur de morceaux de patates bouillies
Décore sa façade
Et derrière cette scène
Une jeune fille s’arrête et parle à un photographe
Qui lui troque un instant pour deux<
Al Nakhaline
Le même ordre
Avec un changement de fils
Non d’astres
Guerwawa
Un nom suggestif
D’où le commencement
D’où l’éclat
D’où la répression
Ça a été un jour
C’est fini
Et pas fini
La mosquée andalouse
Pourquoi l’enfant fuit l’école
Pour la mosquée ?
Le somme et l’étai d’un fkih
Fuite d’une leçon pour un chant
Pour un semblant de prière
Origine ou dérivé
De l’achèvement de la règle grammaticale
Par la première poésie
Voyage
L’épreuve du voyageur
Est de penser d’avance au moyen du voyage
Même s’il n’y en a pas
Les ailes de la réflexion
Sont plus épuisantes que la montée d’un avion
Et le voyage à l’inconnu
Est un bout d'enfe
Remparts
Entourent-ils la ville
Ou ses hirondelles ?
Cerment-ils l'essence
Ou le corps ?
Les murailles de l'âme
Une vraie chaine
Hurlement
Aaaaaah!
Si je possédais une langue
Avec laquelle je puis mettre ma tête
Dans un emplacement convenable
Pour que je sois pareil aux autres
Juste une personne
Simple
l’assemblée des ombres
Quelque part
Un temps quelconque
Qui ne ressemble qu’à son ombre
Auquel son ombre ne ressemble point
Paradoxe
Râle
Le silence
Et rien que le silence
L’ami de la mort
Dans l’imaginaire
Dans le corps et son obscurité
Dans la frayeur
Malgré l’aise
Une pause qui n’a nul besoin
D’expérimentation
La librairie Al Kadiriya
Une noria de papier
Pierreuse , protubérante
Dans Talaa
Elle était dans l’expansion de Fes
Et voila qu’elle est morte
Est - ce la privation dans cette vie
Qui transforme la mémoire
En magasin de jeans
Et de marchandises de contre bande parvenues d’Espagne
Qui en un temps lointain
Avait fabriqué la noria ?
De vrais pleurs
Et non sur des ruines
Al Makhfia
Une femme se couvre
De suprême
Elle fuit les créatures
Verrouille bien sa fenêtre en une nuit « Ayssaoui »
Nuit de trance
De ses bargues elle a fait signe
Vers le feu
Sa diversité m’a fait souffrir
Et par ses ultimes regards
Elle m’a tué
Et s’est retirée
Oued Azzaytoun
L’olivier
Et l’arbre de l’âme
Et des teintures de tannage
Dépassant l’œil
Jusqu’aux confins de l’esprit
Du visiteur étourdi
Etourdi
Qui cherche une brèche de lumière
Dans un fétu de paille
Dans une tente
Ou un nuage
Dans l’exaltation
Séparent le poil de sa voix
Et le plaisir de ses sangles
Et s'en va
Aassala
Une balise en mouvement
Elle pendille en arrière et en avant
De double féminité
Elle grignote de l’aspirine
Mélangé à un liquide enflammable
Pour qu’elle dégage du feu de sa bouche
De ses mots haineux
Elle calomnie les êtres et le quotidien
Son attribut est des cheveux épais
Ebouriffés, tendant au roux
Couvrant la tète et le ruisseau
Une voix réitère
Leila craint le loup
Et le loup est chagriné
La grand-mère l’a tué dans son conte
Où est le sépulture la lumière
Où s’est établie l’obscurité
Où le silence diabolique
Courtise le bave du désir
Là bas il ne reste qu’une voix qui se répète
Leila : prends garde du loup
Et préserve la bouteille
C’est le bien de la grand-mère