Avec son premier recueil de poésie, paru aux éditions de « dar attaquafa, 2001 » Aicha Bassri a choisi de s’annoncer et de prononcer son appartenance au « poétique » à travers une poésie limpide et spontanée.
Pour sa carrière en cours, elle a choisi une première station tout en beauté que crée la force du dévoilement de l’âme et de la sensibilité d’une femme en devenir poétique prometteur. Donnant ainsi au » dire poétique » toute sa force qui fait de l’homme une créature qui mérite d’être sur terre, selon les mots de Heidegger lisant H olderlin.
Elle emprunte la plupart de ses thèmes à la réalité quotidienne, à sa vie de femme, ses amours, ses déceptions et ses voyages. On y retrouve également des scènes conjugales » elle sait trouver son inspiration là où on s’y attend le moins. »
La solitude irréductible d’un être hautement sensible, un parfum de femme, une fleur tant désirée ; tout ça, elle le transforme en chant intérieur qui s’éléve dans l’ame et qui s’exhale par un beau lyrisme et parfaite musicalité de vers.
Elle sait comment transformer l’éphémère en éternel ; un parfum en musique, comment donner à l’inspiration profondément subjective une issue universelle.
Proches des sensations primitives ; des odeurs, des choses de la vie, elle aiguise son âme ; tout comme ses sens, et là où une autre plume ferait l’inventaire hétéroclite des choses, aiche transforme les objets les plus familiers en images éblouissantes, avec beaucoup d’éllips et de travail de réduction, elle répond à l’essence de la poésie.
Sans rhétorique, ni clichés. Elle a besoin juste du minimum de mots pour dire l’essentiel : les grandes joies simples que peuvent procurer, le voyage et l’amour du monde.
Restée très longtemps à l’ombre de poètes se réclamant professionnels de la poésie, s’éclipsant devant les prétentieux du genre elle est quant à elle amateur très distingué
Qu’elle chante l’amour ou la liberté, elle sait créer le langage qui peut exprimer les plus les plus intimes et insaisissables nuances du sentiment ? Sans fuir les lieux communsde la poésie( le conseil de rainer maria rilk à gabos n’était pas fiable) elle redonne aux lieux communs force et spontanéité.
Un de ses poèmes
Au restaurant chinois
J’ai rencontré, par hasard
La fleur que j’ai
Tant attendue
Je lui ai évacué une chaise dans mon cœur
Elle a vacillé
Entre mes doigts
Et la ligne de la mort
Nonchalante, elle
S’est ensommeillée au creux de ma paume
Son parfum a exhalé
Mon sac à main.
Rabat 2002