La poésie moderniste et l’écriture double
Avec beaucoup de rythme, et avec un œil poétique plein de visions futuristes, l’écrivain marocain Noureddine Mhakkak, vient de publier, cette année 2008, son quatrième recueil de poèmes, chez les éditions Mille Poètes LLC, intitulé « Le livre des Mille et une Nuits », après ses trois recueils de poèmes dont les titres suivants : « Le jardin des passion », « les sirènes de la méditerranée » et « les fleurs de l’orient ».
Ce dernier recueil de poèmes, où notre écrivain a pu réécrire le célèbre livre arabe « Les mille et une Nuits », ou plutôt quelques célèbres contes de ce livre magique, avec un style poétique très séduisant, Car l’écrivain poète ici, en plongeant dans « Les nuits arabes », il a réussi avec beaucoup de talent d’écrire son propre livre, son livre « Mille et une Nuits » personnel, puisque ses poèmes là , en entrant en relation avec les contes arabes anciens , ils ont gardé la vision de son propre écrivain, en voyant l’avenir à travers le passé et le passé à travers l’avenir .
Il ne faut pas oublier que les poètes, aiment bien écrire leur propre livre, en regardant les livres des autres, car regarder là, signifie tout simplement : ‘apprendre d’abord et dépasser après’.
En plus , les poètes , comme a dit depuis longtemps Gaston Bachelard, « ne savent pas toujours rester fidèles à l’origine même de leur inspiration » , et c’est cela qui mène notre poète à créer un autre livre tout différent au premier , un livre très original .
Lisons ces vers poétiques qui parlent de la relation emblématique entre Schéhérazade et Schahriar, pour approcher de l’univers de beau livre de Noureddine Mhakkak :
Elle disait au tyran :
Non !
Il disait aux beaux yeux :
Oui !
Lui, armé de son épée,
Elle, de ses récits ! »
Certes, ce recueil de poèmes, avec cette merveilleuse intertextualité avec le livre arabe ancien « Mille et une Nuits », il a pu faire de nouveau, un pas poétique arabe / francophone moderniste, qui part du patrimoine culturel arabe, vers un autre horizon, celui du futuriste poétique universel, qui dépasse toutes les frontières culturelles traditionnelles.
Ainsi, notre poète commence son livre là, par un poème qui décrit, d’une façon originaire, l’histoire de Schahriar avec sa première femme dont le sang de l’adultère est coulé dans ses deux reins, en faisant de ce Schahriar un homme qui représente l’homme dans tous les temps et dans tous les espaces du monde. Avant de passer pour décrire l’autre visage de l’être humain, qui n’est que le visage féminin représenté ici par la figure emblématique de Schéhérazade.
Et puisqu’on ne peut jamais se baigner dans la rivière de la même façon qu’une seule fois, on ne peut jamais aussi écrire le même livre qu’à travers le changement de ses structures et ses thèmes, et c’est cela même qu’a fait le poète Noureddine Mhakkak, en revenant à ce grand livre de la littérature humaine pour le présenter d’une façon toute nouvelle.
Une façon qui n’appartient qu’à son propre crayon, celui de la créativité et de l’originalité. Car tous les récits qui ont trouvés leur place, dans l’espace poétique de ce livre, sont des récits qui possèdent deux visages différents, l’un qui regarde en arrière, et qui nous rappelle avec ce regard orphique, l’ancien livre de « Mille et une Nuits », tandis que l’autre qui essaie avec une grande force artistique de regarder en avant, de voir l’avenir, et de le posséder même, par son style d’écriture et par sa façon de traiter ses thèmes.
Noureddine Mhakkak ici, dans son recueil de poèmes qui prend le même titre que le livre arabe ancien, c'est-à-dire « Le livres des Mille et une Nuits », part du passé pour arriver au présent, en pensant toujours au futur proche, qui va venir, et même au futur simple, qui viendra après, dans les temps du demain.
En effet, dans le domaine de la poésie en particulier et dans le domaine de l’art en général, la liberté de la création ne peut qu’être grande, c’est la raison qui a poussé notre poète à la fin de son livre là, de parler même de son histoire avec la belle parisienne, à travers la langue de Schéhérazade, elle-même, et cela rend cette histoire très attirante et bien fascinante, et rend bien sûr son livre fort poétique.
Pour en finir, on peut dire que ce beau recueil de poèmes, écrit par la plume libre et séduisante de Noureddine Mhakkak, laisse la place à un autre livre à venir, un livre qui va nous faire rêver de nouveau des belle fées et nymphes, des beaux voyages et des belles aventures, des hommes dont les cœurs pleins du courage et de sagesse, à travers même sa conclusion ouverte :
Ici,
Schéhérazade
Est obligée de rompre
Son récit,
Devant Schahriar
Car…
Elle a vu les rayons
Du matin !
Et pour sauver son destin,
Et rester en vie,
Pour régler son compte,
Elle devait se taire
Et laisser le temps
Au temps !
Laisser Schahriar
Très content !
En attendant la suite
De ses beaux contes!
Bien entend, nous attendrons avec impatience, le deuxième tome de ce beau recueil de poème !
- Noureddine Mhakkak : « Le livre des Mille et une Nuits » éd Mille Poètes
LLC 2008. - Gaston Bachelard : L'eau et les rêves, éd. José Corti, 1993.