L'Allemande d'origine roumaine Herta Müller s'est vue attribuer, jeudi 8 octobre, le prix Nobel de littérature 2009. Elle succède à JMG Le Clezio. Elle est récompensée pour avoir "avec la densité de la poésie et la franchise de la prose, dépeint l'univers des déshérités", a précisé l'Académie Nobel.
C'est le troisième auteur de langue allemande en dix ans à être récompensé, après l'Allemand Günter Grass, en 1999 et l'autrichienne Elfried Jelinek, en 2004.
Née le 17 août 1953 à Nitchidorf, dans la province de Banat en Roumanie, au sein de la minorité allemande des Souabes, Herta Müller a étudié la littérature allemande et roumaine entre 1973 et 1976 à Timisoara. Après quoi, elle devient traductrice dans une usine de machines industrielles.
Proche dans sa jeunesse d'un groupe d'écrivains germanophones perçu par le régime de Nicolae Ceaucescu comme un "ferment d'opposition", elle est licenciée parce qu'elle avait refusé de collaborer pour la Securitate (les services secrets roumains) mais aussi mise sur écoute et menacée à maintes reprises, elle quitte la Roumanie en 1987 pour l'Allemagne de l'Ouest.
"J'AI DÛ APPRENDRE À VIVRE EN ÉCRIVANT"
Peu connue du grand public jusqu'au début des années 2000, Herta Müller a été découverte et saluée par la critique dès 1984, avec la parution d'un recueil de récits, Bas-fonds, qu'elle avait réussi à faire sortir clandestinement de Roumanie.
Bien qu'elle vive depuis 1987 à Berlin, Herta Müller continue néanmoins à écrire sur son expérience roumaine. "En ce qui me concerne l'expérience essentielle de ma vie, a-t-elle eu l'occasion d'expliquer, c'est en Roumanie que je l'ai faite, sous la dictature. Le fait de vivre à plusieurs centaines de kilomètres de la Roumanie, ne me fera pas oublier ce que j'y ai vécu. En partant, j'ai emporté mon passé et il faut dire qu'en Allemagne la crainte de la dictature est toujours là".
"J'ai dû apprendre à vivre en écrivant et non vice-versa. Je voulais vivre à la hauteur de mes rêves, c'est tout. L'écriture fut alors pour moi une manière d'exprimer ce que je ne pouvais pas vivre effectivement. "
Parmi ses principaux livres traduits en français figurent L'Homme est un grand faisan sur terre (Maren Sell, 1991 et " Folio, 1997) et La Convocation (Ed. Métailié, 2001), où elle dépeint à mots forts et tendus la Roumanie de Ceaucescu et les années de peur et de terreur de son régime.
"Ses romans donnent avec leurs détails ciselés une image de la vie quotidienne dans une dictature pétrifiée", a souligné l'Académie suédoise.
Depuis 1995, Herta Müller est membre de l'Académie allemande de langue et littéraure (Deutsche Akademie fûr Sprache und Dicthung).
Le Nobel de littérature sera suivi vendredi par le Nobel de la paix puis par celui d'économie lundi. Dans chaque catégorie, le prix Nobel est accompagné d'une récompense de 10 millions de couronnes suédoises (980 000 euros). Le prix Nobel 2008 avait été attribué à l'écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clézio pour son œuvre "de la rupture".
Le Monde
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