Les pays maghrébins, notamment l’Algérie, commémorent en cette année 2012 le 50e anniversaire de la mort de Mouloud Feraoun, cet écrivain algérien d’expression française qui fut assassiné le 15 mars 1962 à Alger par l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS).
Plusieurs manifestations culturelles seront organisées en hommage à ce patriote dont l’œuvre est profondément puisée dans le terroir algérien de Grande Kabylie et s’est ancrée dans la mémoire non seulement des Algériens mais aussi de tous les Maghrébins.
C’est qu’elle constitue un document précieux sur la terre kabyle et la vie quotidienne des villageois, leurs coutumes, leur folklore, dans la première moitié du XXe siècle, alors que l’Algérie était sous le joug de la colonisation française.
Les Tunisiens, aujourd’hui adultes, qui ont fréquenté l’école dans les années 60 et 70, se souviennent encore du roman « Le Fils du pauvre » que les enseignants de français leur conseillaient de lire. Plus tard, ce roman fera partie des œuvres littéraires incluses dans le programme officiel de la langue française en Tunisie. Les générations des années 80 et 90 l’auront encore lu dans sa version arabe réalisée par le Tunisien Mohamed Ajina. D’ailleurs, ce roman a été traduit dans plus de 25 langues étrangères.
En commémoration du 50è anniversaire de la mort de l’écrivain, un colloque international sur l’œuvre et le parcours de Mouloud Feraoun sera organisé, au mois de mars prochain, à Alger. Prendront part à ce colloque des universitaires algériens, maghrébins et européens qui se pencheront sur l’œuvre littéraire de Mouloud Feraoun, son action pédagogique et le contexte historique de l’époque.
Né le 8 mars 1913 dans le village de Tizi Hibel. Son nom est Aït-Chabane, « Feraoun » étant le nom attribué par l'état-civil français. Il fréquenta l'école de Tizi Hibel à partir de l'âge de 7 ans. En 1928, il était boursier à l'école primaire de Tizi-Ouzou. De 1932, il fut admis à l'école normale d’instituteurs de Bouzaréah à Alger. En 1935 à 1960, il fut tour à tour, instituteur à Tizi-Hibel, directeur du cours élémentaire de Fort-National, directeur de l'école Nador de Clos-Salembier et inspecteur des centres sociaux à Château-Royal près de Ben-Aknoun. C’est là qu'il fut assassiné par l’OAS, le 15 mars 1962, avec cinq de ses collègues, à quelques mois de l’indépendance de l’Algérie.
Feraoun commença à écrire en 1934 son premier roman, « Le fils du pauvre ». L'ouvrage, salué par la critique, obtint le Grand prix de la ville d'Alger. Ce roman retrace la vie de Fouroulou Menrad, personnage principal du récit. Ayant une forte dimension autobiographique, « ce livre peint l'enfance et l'adolescence de l'auteur dans un village de cette Kabylie montagneuse où il fut tour à tour berger, élève studieux, puis instituteur. Ce n'est pas une histoire quelconque quoiqu'elle retrace une vie très simple de par les gens qui en sont les acteurs. De parents pauvres, Fouroulou Menrad était tout destiné à être berger mais mu par une forte ambition et des rêves omniprésents, cet homme-enfant luttait sans cesse pour échapper à son destin… ». Le livre ne fut publié qu’en 1950 à compte d’auteur dans une Algérie encore colonisée, avant d’être publié par les éditions Le Seuil en 1957, après l’avoir expurgé de 70 pages dont le contenu aurait été choquant pour les colonialistes français !
En effet, le livre ne plut pas aux colonisateurs de par l’authenticité des faits fidèlement racontés et l’attachement aux lieux kabyles précieusement décrits dans le roman, si bien qu’il a l’air de dire aux étrangers : « Là c'est chez moi, rentrez chez vous !... » C’est un témoignage plein de vérité et d’émotion qui se teinte volontiers de l’humour d'un admirable conteur qu'on a souvent comparé à l’écrivain russe Maxime Gorki. Après « Le Fils du pauvre », Mouloud Feraoun publia plusieurs livres : La terre et le sang (1953), Jours de Kabylie (1954), Les chemins qui montent (1957), Les poèmes de Si Mohand (1960). D’autres ont été publiés après sa mort : Lettres à ses amis (1969), L'anniversaire (1972), La cité des roses (2007).
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