1
A toi cette pierre ancienne.
Je l'ai inscrite dans l'oubli d'une foudre passagère,
Nom donné à la lettre qui n’est pas dans les paroles de la nuit.
Je l'ai faite géométrie de la nature et, de ses feux.
2
Laisse ton eau cosmique écouter le lointain.
Et tel un papillon,
Attends que fredonne le cauchemar.
Laisse s’écouler ta lignée dissipée.
Laisse ta voix d’eau me lire .
Et laisse moi en sombrant dans le désir du texte-océan,
Fouiller les exégèses des significations.
Peut être nous réfugierons-nous alors, dans ton paradis ouvert à tous.
3
Tu te tiens à coté d’une pierre
Qui entend le séisme étouffé dans le cœur.
Quelqu’un tourne autour de toi depuis des siècles.
De toi, il n’entend que le silence,
Sans rien comprendre.
Ne sous-estime pas la pierre.
Elle garde tes secrets ;
Et par cœur,
Elle apprend les métamorphoses du sang dans ton cœur.
Une pierre se tient à coté de toi
On dirait ton sosie ancien.
4
Tu n’es point tout seul
Avec la pierre.
5
Elle n’a pas la parole rebelle.
Et quand bien même te décevraient les dictionnaires,
Une langue marquée du sceau de l’amour surgira,
Qui te prend en pitié,
Et te protège.
6
Ce palmier grattant le ciel,
Il y a une petite pierre qui le soutient en cachette.
Pose ta main dessus,
Tu entendras ses paroles tenir compagnie à la sève
Remonter des racines j’usqu’aux ailes ;
Ces ailes vertes dans les hauteurs.
Il y a une petite pierre qui soutient l’air,
Afin qu’il ne déçoive pas le palmier.
7
J’ai vu un tonnerre distribuer ses pierres précieuses aux fenêtres.
Je l’ai vu, pareil à un oiseau clément,
Porter les offrandes à des personnes,
Que l’insomnie tient debout sur le balcon,
Les offrandes du tonnerre les atteignant avant le tournant de la fin,
Et qui pénetrent dans le sommeil pareils à des anges qui naîssent.
Le tonnerre envoie ses oiseaux séducteurs
Divertir l'étranger et le désirer.
8
A toi cette pierre.
Pour soutenir ton cœur durant la nuit de la solitude,
Et effacer l’alphabet de l’oubli,
Sur l’échiquier de ta mémoire.
9
Pierre ancienne,
Elle est aussi ta lanterne dans l’obscurité des lointains.
Pierre ancienne,
Elle est aussi ton enfant au bord des larmes, avant de s’assoupir.
Pierre ancienne,
Elle est aussi musique des ailes
Veillant les pas de l’enfant dans dans le rêve.
1O
La terreur me saisit,
Quand je vois quelqu'un ingurgiter la pierre rouge,
Pressé par sa faim de paroles.
Comment prendre en pitié quelqu'un,
Qui fixe du regard son verre débordant d'une pierre rouge,
En même temps qu'un brouillard de silence épais .
11
Ses pas sont pierres légères,
Alors qu’il arpente le hall et les entrées du sommeil.
Il avance grâcieux ; devant ses yeux est le scandale de l’épreuve.
Ses pas sont plus légers qu’un péché de prêtre.
Son cœur coule sur le pas de la porte.
Personne ne lui ouvre .
Personne ne l’entend sangloter.
Personne ne se soucie de l’hémorragie.
Cependant, il attend .
12
Des oiseaux, ployants sous les missives de la montagne, sont passés.
Ils battirent de leurs ailes contre la fenêtre du dormeur.
Ils le réveillèrent de son éveil,
Et lui firent don du livre de la montagne .
A peine entama-t-il la lecture,
Les oiseaux s’enfuirent, tristes par excès de souffrance,
Souffrance qui innonde le balcon.
Il s’enfonce, étranger, dans les galeries de la maison,
Seul.
Les oiseaux s’en vont loin de lui.
13
Un rocher surgit du mythe.
Tantôt il monte porté sur une épaule ;
Tantôt il tremble pareil à deux morceaux de bois croisés
Qui se font corps humain ;
Tantôt il surplombe un foie que déchiquètent les rapaces.
Un mythe ploie sous le poids du rocher,
Et déborde du verre de la mémoire,
14
S'ils avaient jeté la pierre dans l'azur du golfe,
Le commerce aurait stagné,
Et le semis aurait pousse sur la carte de sable.
S’ils avaient échangé l’endroit initial contre les profondeurs,
La terre aurait été plus belle que la mer.
Mais ils ont porté la pierre au marché.
La pierre demeure.
Le commerce demeure.
Et les hommes demeurent dans le sable.
Un désert, au semis et à la mamelle perdus.
15
Tes signes amoureux qui m’ont touché en plein cœur
Sont une rose dans une pierre,
O livre du fleuve !
Notre texte perce le ciel,
Il est pâle aussi.
Il offre à la nuit un manuscrit libre
Dont l’encre est en un long départ
Et l’histoire est sur les rivages
16
Laisse moi te nommer frisson,
Laisse moi, à travers toi, appeler mes noms
Et appeler l’histoire de la pierre.
(1) Poème extrait du recueil intitulé « Ilaajou al masaafaat »
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