Abbas Beydoun

Deux poètes s'entretiennent avec André Velter au cours de ce Poésie sur parole, le Libanais d'expression arabe Abbas Beydoun et le Français Francis Coffinet. Ce dernier lit ses propres textes, tandis que nous écoutons ceux du premier par la voix de Mohammed Rouabhi.

On connaît un peu en français l'oeuvre d'Abbas Beydoun, par les Entretiens sur la poésie avec Mahmoud Darwich (Actes Sud, 2006), et surtout par "Le Poème de Tyr" (ibid., 2002), qui marqua en 1974 un tournant dans la poésie arabe contemporaine par une conception toute nouvelle du vers libre et du poème en prose. Aujourd'hui paraît, toujours chez Actes Sud, sous le titre de "Tombes de verre", un choix de vers et de proses extraits de quatre recueils inédits en français, dans une traduction de Madona Ayoub, Antoine Jockey et Bernard Noël, relue par Kadhim Jihad Hassan et Jean-Charles Depaule.

Qu'il évoque son incarcération dans un camp militaire israélien, qu'il médite sur sa condition de poète dans un monde où bien des choses "ne se disent pas en deux langues", ou qu'il affronte le mystère de la mort, Abbas Beydoun s'affirme dans cette anthologie comme une figure majeure de la modernité poétique arabe.
Acteur, poète et plasticien, Francis Coffinet a pour sa part publié une quinzaine de livres, souvent, comme aujourd'hui "Les Fleuves du sixième sens", avec des peintres et des graphistes. Il évoque pour nous ce recueil ainsi que le précédent, "Epreuves chamaniques".

L'écriture de Francis Coffinet relève de la tension entre un vers délicat, ciselé, même aiguisé, et un bouillonnement d'existence charnelle issu des tréfonds ; tension entre une page aérée, où le silence semble se déployer, et le flux passionné qui se dépose dans les mots. Apparentes contradictions qui du sein de la méditation font surgir la présence, "comme un grand calme dans le grain savoureux de la vie".

les livres

********

Abbas Beydoun
Tombes de verre

Actes Sud (Petite bibliothèque Sindbad) - 2007

--- traduit par Madona Ayoub, Antoine Jockey, Bernard Noël

Nuages et immeubles passent aussi vite
Que cette horloge
Derrière nous à présent
Tu précipites leur marche terminant à peine ta tasse
Tu dis que les wagons n'attendent pas
La vie arrive en bloc comme un souvenir
Où que tu sois
Tu es toujours à l'heure
Tu te dis que la vie s'étire pendant la nuit
Elle s'allonge dans notre sommeil
Excessive
Abondante
Excessive

émission du dimanche 6 mai 2007